Salut Henri !

C'était il y a une poignée d'années, tout près du jardin d'acclimatation. Henri Salvador m'avait invité en sa cuisine devant un colombo à se lécher les babines. Il y avait travaillé ,oh le vilain mot, depuis tôt le matin.
Drôle de sensation que me retrouver face à celui qui m'avait tant fait rire gosse, père de Zorro, et minnie petite souris. autant de bonheur en tubes.
Nous devions faire une comédie musicale de sa vie, un siècle presque, l' émigration, le petit garçon de couleur, le music-hall, la découverte du jazz, la guerre, les parodies de rock signées Boris Vian, les premiers scopitone, les audiences énormes à la télé, des sketches à mourir de rire, un touché de guitare digne de Django et Benson.
L'age l'avait renvoyé à la pétanque. Le projet ne verra jamais le jour, pour le métier Salvador était fini et bien fini. Chez ces gens-là on ne se souvient pas m'sieur, on oublie.
Dans son bureau, une chambre en vrac Henri me jouait parfois sur son piano électrique les plus belles chansons de son répertoire, un tour pour moi tout seul bissant le Syracuse de ce cher Dimey....
Le succès revenu grâce à des jeunes ayant cru en lui, Salvador avait repris la route, ses habits de crooner, et le top des ventes. Dernier pied de nez à un métier qui faillit l' enterrer.
Chic avec la vie, la vie le lui rendit bien, il est mort à 90 ans, en pleine forme. Elle lui a laissé le temps de faire ses adieux en décembre 2007 . Salut Henri !